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Préservation et subsistance: évaluer l'efficacité des approches participatives dans les aires protégées et les réserves naturelles

Appel d'offres annuel 2006

Mots-clés

Biodiversité - Conservation - gouvernance environnementale

Description


Le nombre des aires protégées dans le monde s’est rapidement accru au cours des dernières décennies et dépasse actuellement 102’000. La question de leur durabilité écologique et sociale se pose aujourd’hui avec acuité à la gouvernance environnementale globale.

Au cours de l’histoire, la plupart des aires protégées ont été créées dans l’idée que pour qu’elles préservent efficacement quelque chose, il fallait que les humains en soient exclus. Or, de nombreuses études ont montré que cette approche était inefficace. Dès les années 1970, un nouveau courant s’est dessiné, revendiquant une participation locale à la gouvernance et à la gestion des aires protégées.

On estime aujourd’hui très généralement que la préservation n’est pas forcément incompatible avec les moyens de subsistance des humains, et que la meilleure manière de préserver la nature est peut-être de garantir une participation locale à la gouvernance des aires protégées. Cette approche a été prise en compte au Congrès Mondial sur les Parcs qui s’est tenu à Durban en 2003 et dans le "Programme de travail sur les aires protégées" de la Convention sur la diversité biologique (CDB). On s’y est référé comme à un "nouveau paradigme", et la plupart des aires protégées créées récemment intègrent une participation locale dans leur conception.

Mais le "paradigme participatif" suscite à son tour des critiques. Certains biologistes et chercheurs universitaires remettent en question les modèles de gouvernance "centrés sur l’être humain" ainsi que l’influence des sociologues dans la conception des aires protégées. Un problème majeur est qu’aucune étude systématique probante ne démontre que des approches participatives / en co-gestion parviennent à une meilleure conservation tout en améliorant les moyens d’existence de la population, comme on le prétend. Etant donné ce débat actuel dans les milieux de la protection de l’environnement, il serait urgent d’analyser les avantages et les inconvénients des modèles participatifs.  

Le projet soutenu par le Réseau universitaire international de Genève (RUIG), développé conjointement par l'Union mondiale pour la nature (UICN), l’Institut universitaire d’études du développement (IUED), l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et le programme de l'UNESCO sur l'homme et la biosphère (MAB), a pour buts: 1) de créer un réseau d’institutions spécialisées dans la recherche et le développement en matière des aires protégées; 2) de développer une méthodologie pour évaluer l’efficacité de la participation/cogestion dans la gouvernance des aires protégées; 3) de tester la méthodologie développée dans des aires protégées pilotes; 4) d’élaborer un projet à grande échelle pour recueillir des preuves de l’utilité ou de l’inutilité d’une approche participative en ce qui concerne la préservation et les moyens de subsistance.

Un atout de ce projet est qu’il réunit quatre initiatives en cours des quatre partenaires : 1) le projet "Peuples, aires protégées et changements mondiaux", du Centre national de compétences pour la recherche Nord-Sud  (NCCR-NS), dirigé par l’IUED, qui compare les stratégies de subsistance, les contextes institutionnels et la participation dans dix aires protégées; 2) le projet "Commission mondiale des aires protégées" de l'UICN (UICN/CMAP), qui évalue sur le plan de l’efficacité la gestion des aires protégées; 3) l’ "Action thématique interdépartementale (ATI) aires protégées", un programme de l’IRD destiné à constituer un réseau de recherche comparative et prospective sur les aires protégées; et 4) un projet de recherche UNESCO MAB sur le dialogue et la concertation, dans le cadre du Réseau mondial des réserves de la biosphère, qui comprend une méthodologie de comparaison entre des contextes multiples.

Le projet soutenu par le RUIG se servira de ces expériences pour développer une méthodologie d’évaluation en vue d’analyser les conséquences des changements qu’a suscités dans la gouvernance et dans la gestion des aires protégées l’avènement des approches participatives. Cette méthodologie sera ensuite testée empiriquement dans plusieurs aires protégées, sélectionnées, dans des pays en développement, parmi celles où les partenaires du projet exercent des activités.

La méthodologie ainsi développée permettra aux partenaires d’établir des corrélations entre l’efficacité des approches participatives, les objectifs de préservation (d’écosystèmes, d’espèces et de ressources naturelles) et les objectifs sociaux (moyens d’existence et gouvernance). Cette recherche est considérée comme un projet pilote, ou comme une base et première phase d’un projet de recherche qui pourrait être poursuivi à plus long terme.

Dans son ensemble, ce projet multi-phases analysera les facteurs qui déterminent les rôles et l’influence des acteurs impliqués dans des approches participatives dans des aires protégées. Cette analyse portera, entre autres sujets, sur des normes officielles et non officielles, sur des intérêts conflictuels, sur des réseaux de pouvoir et sur des réseaux sociaux. Tous ces éléments seront abordés à des niveaux locaux et nationaux, à l’aide de la méthodologie Governance Analytical Framework (structure analytique de gouvernance) développée par Marc Hufty, de l’IUED. Cette approche vise à développer une compréhension des conséquences socio-économiques et culturelles des approches participatives. Il s’agit notamment de la pauvreté, de la sécurité, de l'intégrité culturelle de la communauté, ainsi que de conséquences politiques liées à l’acquisition d’autorité, à la démocratisation, à l’efficacité décisionnelle et à l’application des principes de bonne gouvernance.

La contribution du RUIG pour ce projet s'élève à CHF 135'000

> Descriptif moins détaillé

 

Equipe de recherche

M. Joerg Elbers , Membre principal, Union mondiale pour la nature (UICN) .

M. Geoffroy Filoche , Membre principal, Institut de recherche pour le développement, Orléans (IRD) .

Dr. Marc Hockings , Membre principal, Union mondiale pour la nature (UICN) .

Dr. Gonzalo Oviedo , Membre principal, Union mondiale pour la nature (UICN) .

Mme Elena Pavese , Membre associé, Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) .

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